Le deuxième jour, dans la matinée, nous partons avec un groupe de huit volontaires à la médiathèque de Faverges, qui nous ouvre les portes pour l’occasion.
L’objectif est de nous installer dans l’espace consacré à la presse, de choisir des journaux, et d’observer leur composition en portant attention aux différentes parties (la « Une », l’édito, l’ourse, les niveaux de titre…), à leur rubriquage (« grand entretien », « actu », « sport », « cinéma », « international », « horoscope », « débat », « opinion », « le dossier », « culture »…), ainsi qu’à la place des images (photographies, dessins de presse…).
Le temps de l’après-midi est consacré au choix des rubriques qui se trouveront dans le journal : il s’agit, en petits groupes, de faire émerger les envies, les sujets, les passions, les questions qui pourraient se retrouver dans Le Chat sauvage, puis de trouver la rubrique correspondante.
Par exemple, en ouvrant la boite à idées remplie pendant l’été avec l’aide des éducatrices, on trouve des post-it avec « quiche lorraine » ; celle-ci alimentera donc la rubrique « Recettes ». Autre exemple, plusieurs travailleur·ses nous disent lire les horoscopes et y trouver du plaisir ; il y aura donc un horoscope dans Le Chat sauvage ! On nous parle avec amour des personnages Raymond et Huguette, de la série télévisée Scènes de ménage : on en conclut que ces deux prénoms pourraient symboliser la rubriques « Séries TV ». Quand on demande quels sujets mériteraient d’être creusés, on nous parle notamment des conditions de travail en Esat, du fait d’être à la fois un·e travailleur·se et un personne handicapée, du statut intermédiaire que cela octroie. Cela pourrait ainsi alimenter une rubrique « Enquête »…
On imagine plein de sujets, dont certains ne se retrouveront pas dans la forme finale, par manque de temps ou de faisabilité. Mais à ce stade, tant pis. On pense au journal de nos rêves. Qui comprendrait des tutos de maquillage. De grands entretiens avec les chanteurs Jul et Yanns. Et un roman-photo exclusivement composé avec les objets de l’Esat.
À nous (Diane + Julia) d’imaginer comment répondre de manière concrète aux envies. Par quelles méthodes et techniques ? Par quels apprentissages et partages ? Au moyen de quels supports, sachant que tout·es ne lisent et n’écrivent pas ? Et au-delà : comment répondre aux envies tout en suscitant la curiosité pour des horizons inconnus ; autrement dit : comment dépasser, ouvrir ses habitudes, grâce à notre rencontre ? (Cela vaut pour tout le monde, pour les travailleur·ses comme pour nous).
Réponse : en prêtant attention aux petits élans, aux idées embryonnaires, à l’obsession d’un·e seul·e, aux esquisses de sourire… et en les poussant pour les traduire en ateliers une fois prochaine. Le journal nous met ainsi tout·es au travail, tout le temps.